dimanche 1 février 2015

Chagrin d'amité

Est ce qu'on peut avoir des chagrins d'amitié, comme on a des chagrins d'amour ? 
Est ce qu'on peut souffrir autant de la perte d'une amie que de la perte d'un amant ?

Oui.
Sans aucun doute.

Et pourtant elle était belle notre amitié. Enfin Je croyais ...
On portait le même prénom. Une blonde et une brune. Inséparables. On avait quelque chose comme 20 ans, on a fait les 400 coups ensemble. 

Tout le monde me disait, à demi mots, de me méfier d'elle. Que ce n'était pas de l'amitié, qu'elle se servait de moi.
Moi je n'y croyais pas, j'étais aveugle. J'étais aveuglée plutôt, par cette fille quelconque et qui pourtant avait tout le monde à ses pieds. Moi y compris.

Mais tout au fond de moi, je savais qu'ils avaient raison. 

Elle se servait de moi comme de son faire valoir. Elle marchait sur ma tête pour mieux se hisser au dessus de moi. Un coq qui chante les pieds dans le purin, c'était son expression. Elle était le coq, les autres le purin ...

On faisait toujours tout un tas de trucs ensemble. Restos, sorties, night clubs ... Ça a duré plusieurs années. 
Jusqu'à ce que je me rende compte que c'était toujours moi qui appelait pour proposer des sorties. Toujours moi qui prenait de ses nouvelles. Finalement je me rendais compte qu'elle était froide, et puis elle me rendait jalouse, en me laissant plusieurs semaines sans nouvelles parce qu'elle avait trouvé une nouvelle meilleure amie ... 

Et un jour, j'ai compris qu'elle était toxique. Qu'elle me grignotait, me sciait centimètre par centimètre. 

Alors j'ai décidé de ne pas appeler. La laisser me rappeler. Pour le plaisir qu'elle me désire. La laisser appeler pour voir combien de temps elle allait mettre.

Elle a mis 12 ans. 

C'est long 12 ans. Même si ce n'est que de l'amitié. Ça fait souffrir autant que l'amour.

J'ai mis des années à guérir d'elle. D'abord j'ai attendu et attendu encore. Ma mère me disait que cette fille était mauvaise et qu'il fallait que je l'oublie. Mais moi je me sentais vide. J'avais perdu mon double, ma meilleure amie, ma confidente, ma sœur.

Ça a pris du temps mais comme pour tout chagrin ça a finit par passer. 

J'ai fait ma vie comme tout le monde, j'ai rencontré plein de gens, de nouvelles amies, sincères et fidèles et avec lesquelles j'ai partagé et partage encore des moments vrais.

Et 12 ans après, elle a téléphoné. Pour mon anniversaire.
Elle a dit qu'elle y pensait chaque année à la même date mais qu'elle n'osait pas. 
Qu'elle regrettait.
Qu'à l'époque elle était avec un mec qui voulait la couper de ses amies, l'avoir rien que pour lui.
Elle a pleuré. Et moi j'étais gênée. Je n'avais pas envie de lui parler. Ni qu'elle me parle. Elle était devenue une étrangère pour moi. Et je ne voulais pas retomber dans ses griffes. Alors j'ai décliné sa demande de se revoir. Elle n'a rien dit. Ça s'est terminé comme ça.

Je ne regrette pas. Ni les années passées avec elle, ni de lui avoir dit que maintenant on était trop différentes pour que ça colle.

La seule chose que je regrette c'est de ne pas avoir eu le courage de lui dire à quel point elle m'avait fait souffrir...

D'elle il me restera une douce nostalgie, un peu comme un ancien amour qu'on a finalement réussi à oublier, le souvenir de moments extraordinaires, et puis aussi l'amertume de la trahison et de la solitude. 
Mais de cela je me suis forgée. Mon rapport à l'amitié est ce qu'il est parce qu'on a vécu tout ça ensemble.




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